lundi 27 août 2012

Manger de la viande bio ? Vive les hypocrites!

L'appellation aliment biologique désigne des produits certifiés (par diverses entreprises) comme étant cultivés selon les principes de production de l'agriculture biologique. L'objectif du « bio » n'est pas de produire des aliments parfaits, mais de refuser tout apport chimique (que ce soit des engrais, des pesticides ou des fongicides) à la production alimentaire de manière à préserver la nature.

Il faut remarquer que cette législation définit ce qu'on appelle une « obligation de moyens », mais ne garantit pas la qualité des produits elle-même. Mais des taux de pesticides, le poids de matière sèche ou la quantité en micronutriments démontrent une qualité phytosanitaire moyenne supérieure de cette production, sans compter le facteur gustatif qui n'a pas encore fait l'objet d'enquêtes. 

Les contraintes de l'agriculture biologique ont une double conséquence pour le consommateur :
  • d'une part, une diminution des risques de pollution chimique et donc une meilleure garantie de sécurité sanitaire, directement liée à l'interdiction d'un certain nombre de produits chimiques ; mais cela rouvre la porte à certaines maladies contrôlées par ces produits chimiques.
  • d'autre part, par suite de la baisse des rendements liée à la même cause, une augmentation des coûts de revient et des prix de vente, du moins dans l'état actuel des choses (l'agriculture biologique ne représente en France que quelques pour-cents de la production totale, 1 % de la surface agricole utile en 1999).
Sur le plan de la valeur nutritionnelle des aliments biologiques, un rapport récent, 2003, de l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a conclu qu'il y avait « peu de différences significatives, et reproductibles, entre la composition chimique des matières premières issues d'agriculture biologique et celles issues d'agriculture conventionnelle. » Toutefois, la FNAB (Fédération nationale d'agriculture biologique) a taxé ce rapport de « tendancieux »

Une nécessaire mise au point

Force est de constater que de nombreux magasins bio proposent sur leurs étalages du «jambon bio», du «saucisson bio» et autres absurdités, sous le prétexte de proposer au consommateur des produits sains, en réaction au scandale de la viande contaminée par la maladie de la vache folle. On a même pu lire à partir de 1994 des articles prétendant que la viande pouvait faire partie d'une alimentation naturelle et pouvait elle-même, sous certaines conditions, bénéficier du qualificatif « bio ».
Cette tendance et cette mode du "tout bio" appellent évidemment un certain nombre de mises au point.
Car s'il est vrai que la diététique honnête considère avec méfiance la qualité de la viande,  (végétariens, végétaliens l'ont définitivement rejetée), il existe une raison essentielle pour laquelle on ne devrait pas proposer de de viande bio ou équitable : le fait que pour l'obtenir il faille nécessairement condamner à mort des bêtes innocentes !

Pas de viande sans tuerie !

Prétendre que la viande soit une bonne source de protéines à condition que les animaux qui la fournissent soient élevés de façon "naturelle" est un argument doublement fallacieux.
  • Premièrement, biologique ou non, la viande est le fruit d'une manipulation que la plupart des consommateurs sont incapables d'imaginer et qu'il faut bien rappeler : assommage, abattage, brochage, saignée, dépeçage, dépouillement (ou déplumage s'il s'agit d'oiseaux), écorchage, équarissage, tranchage, etc. Autant de manipulations complexes, menées par des hommes de métier, avec des outillages adaptés, bref un univers qui n'a rien de naturel :-)
  • Deuxièmement parce que se demander si la viande est bonne ou non à la consommation alimentaire, est un raccourci hypocrite par rapport à la réalité ; L'homme devrait d'abord s'interroger sur le bien fondé de l'acte de tuer. Savoir si oui ou non l'homme a le droit moral, éthique et naturel de prendre la vie à des êtres que le destin a fait naître sous une forme différente de la nôtre. Et pour quelqu'un qui achète bio ou équitable, ce n'est vraiment pas logique...

La Viande bio, ça n’existe quasiment pas !

Ce qui n'est pas naturel n’est pas bio. Voici ce que nous dit le dictionnaire Robert au sujet de l'emploi de l'adjectif biologique («bio» étant sa contraction) dans le domaine alimentaire :
Biologique : (Emploi non scientifique). De la vie spontanée, naturelle. > Écologique. Agriculture biologique. Produits biologiques, naturels, fabriqués ou cultivés sans substances chimiques artificielles.
 
Il semble donc que le concept d'élevage biologique ne soit pas intégré dans cette définition. Mais en supposant même qu'il le soit, y a-t-il concordance entre les deux démarches ? Le principe même de l'élevage peut-il s'inscrire dans une démarche écologique, c'est-à-dire la recherche d'une vie saine et naturelle ?
De toute évidence, la réponse est NON.
Si la viande était une nourriture naturelle pour l'homme, son obtention ne nécessiterait pas tout l'arsenal compliqué qui constitue la chaîne de production bouchère. Les animaux ne se débattraient pas et les cochons ne hurleraient pas si leur mise à mort était naturelle.
Veaux en batterie, séparés de leurs mères et nourries au lait en poudre. .
La viande en soi est un produit artificiel, puisqu’obtenu par des moyens mécaniques compliqués, et ne peut donc pas être qualifiée de biologique. Tout dans la viande est artificiel : le fait que pour la préserver de la putréfaction (naturelle) il faille la conserver dans le froid (artificiel), la préserver des germes (naturels) en l'emballant sous vide (artificiel) ou la faire sécher (artificiel), fumer (artificiel), mettre sous sel (artificiel), etc.




Alors assumons! soit on se tape un bon steak issue d'un élevage intensif, mais n'allons pas jouer nos puritains en achetant de la viande "bio". Quoi que, avouons le, ça a en général meilleur goût :-)

 Note : Si l'alimentation et l'agriculture Bio vous intéresse. Je vous conseil un très bon livre sur le sujet "l'agriculture naturelle : théorie et pratique pour une philosophie verte"

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